Ekar Md Laurent Alasora

Ekar Md Laurent Alasora

Tantaran'i Arseveka Rakotomalala Jerôme

Le 28 mars 1969, Monseigneur Jérôme Rakotomalala était nommé Cardinal par le Pape Paul VI. Né le 14 juillet 1914 dans l'Ile Sainte-Marie, Jérôme Rakotomalala était le troisème d'une famille de huit enfants dont le tombeau ancestral se trouve à Alasora, dans la banlieue est d’Antananarivo. Ses parents étaient de ces premiers chrétiens ayant reçu des missionnaires une formation solide et mettant en conformité leur vie et leurs convictions religieuses.

Il fit ses études chez les Frères des Écoles Chrétiennes à Andohalo où il obtint le C.E.S.D. (Certificat d'Études du Second Degré), diplôme qui couronnait alors les études dans les établissements d'enseignement malgache. En 1935, il fut admis au Grand Séminaire d'Ambatoroka. Il prit goût pour les sciences et les mathématiques qu'il étudia seul. Ses connaissances furent telles qu'au cours de ses années de philosophie et avant d'avoir commencé lui-même le cycle des études théologiques, il fut chargé, à partir de 1939, de l'enseignement des sciences et des mathématiques au séminaire. Jérôme Rakotomalala fur ordonné prêtre le 31 juillet 1943, un an avant la date régulière, en raison des services qu'il avait rendus comme professeur.

Pendant les quatre années qui suivirent son ordination, il continua ses activités d'enseignant au séminaire d'Ambatoroka. Il assura en même temps un ministère paroissial comme vicaire à la cathédrale d'Andohalo. C'était un test pratique de son futur programme pastoral: responsabilité donnée aux laïcs, sessions de formation sociale aux chrétiens, etc.

En 1947, le Père Jérôme Rakotomalala fut chargé du district d'Ambohimiadana. Les évènements de cette année avaient jeté bien des perturbations dans ce secteur. Pendant sept ans, il appliqua son programme pastoral tout en s'intéressant au mieux-être des habitants, aux intérêts économiques et sociaux des paysans. Il s'attachait au développement de l'enseignement religieux et au catéchuménat. Dans son esprit, il ne devrait pas y avoir de coupure entre la vie de foi et la vie ordinaire; il s'efforçait d'enrayer l'exode rural: pour entretenir l'esprit d'union et d'entraide qui est dans la tradition malgache et pour autofinancer l'Église locale, il imposait aux chrétiens des travaux communautaires. Par ailleurs, s'il compta à son actif le baptême de plusieurs centaines d'adultes, et il se montra particulièrement exigeant dans la formation de ces derniers.

En 1953, il se vit confier la responsabilité du Collège Saint-Pierre Canisius à Ambohipo, établissement qui forme les futurs instituteurs de la Mission Catholique. Il fit de cette École Normale un des meilleurs centres d'instruction de l'Ile. Tout y concourait pour donner à de futurs éducateurs une formation chrétienne de qualité: niveau élevé des études, exigences spirituelles profondes, entraînement physique vigoureux par le sport et la vie dure.

Au mois d'août 1959, le Père Jérôme Rakotomalala fut désigné par Mgr. Sartre, archevêque de Tananarive, pour les fonctions de vicaire général. C'était la première fois qu'un prêtre malgache accédait à une charge aussi importante dans le diocèse.

Lorsque l'année suivante Mgr. Sartre offrit à Rome sa démission pour permettre au clergé autochtone d'accéder aux plus hautes responsabilités de l'Église, ce fut le Père Jérôme Rakotomalala qui fut nommé archevêque de Tananarive. Il reçut la consécration épiscopale des mains mêmes de Jean XXIII, le 8 mai 1960, en même temps que d'autres évêques africains et asiatiques.

Neuf ans plus tard, le Pape Paul VI procéda à la désignation de nouveaux cardinaux afin que la composition du Sacré Collège fût davantage à l'image de l'Église dans le monde. C'est ainsi que le 28 mars 1969, Mgr. Jérôme Rakotomalala fut promu au rang de prince de l'Église.

15 ans plus tard, Mgr Jerôme Rakotomalala avait instauré une nouvelle organisation du diocèse en érigeant pour thème fédérateur « Fiangonana Fiombonana » et les six directives pastorales que la charte du diocèse d’Antananarivo en février 2003 a renforcées. L’on a alors exorté les chrétiens à avoir une vision basée sur la foi, un cœur grand ouvert pour être prêt travailler de concert avec.

Le Cardinal Jérôme Rakotomalala avait un tempérament entier et exigeant et on a parfois critiqué sa sévérité et son autoritarisme. Il savait endosser critiques et jugements sévères sans se départir de la ligne de conduite qu'il avait jugé bonne et il tenait fermement à ce qu'il estimait être son devoir, mais il n'hésitait pas à revenir, en toute humilité, sur un jugement ou une prise de position s'il s'apercevait qu'il s'était trompé ou que les circonstances l'exigeaient. Il avait également beaucoup participé à la rénovation de l’imprimerie catholique et de la librairie catholique à Antanimena.

Mgr Jérôme Rakotomalala avait pris comme devise de Cardinal Opus fac evangelistae (Sois dévoué jusqu'au bout à l'Évangile). Il eut à appliquer les réformes préconisées par Vatican II, auquel il a participé, afin de donner à l'Église de Madagascar un visage authentiquement malgache. Les thèmes du synode national de l’église catholique de Madagascar qu’Antananarivo avait hébergé du 7 au 12 octobre 1975 allèrent d’ailleurs dans ce sens. En effet, ces thèmes furent accès aux changements apportés à l’église face aux réalités et aux aspirations de la population malgache.

Il était d'un grand attachement et d'une soumission sans réserve à l'égard du Saint-Siège. Il le montra notamment au sujet de l'œcuménisme. A la lumière des rivalités qui opposèrent dans le passé, catholiques et protestants à Madagascar, il avait dénoncé, lors du Concile Vatican II, le scandale que constituait aux yeux des païens la division des chrétiens. Conscient des difficultés du mouvement œcuménique, il estimait toutefois prématuré son application à Madagascar, mais, devant l'insistance de Rome, il s'inclina. Donnant l'exemple, il assista personnellement au sacre de deux évêques anglicans à Tananarive, en octobre 1975.

Lors des événements du mois de mai 1972 qui provoquèrent le changement de Gouvernement, le Cardinal Jérôme Rakotomalala intervint avec les autres chefs spirituels chrétiens auprès du Gouvernement afin de mettre un terme aux troubles et pacifier les esprits. Il en est de même en février 1975, après le meurtre du Colonel Ratsimandrava. Les quatre églises ont replacé les dirigeants face à leur responsabilité.

Le 12 mars 1969, il créa la congrégation des sœurs diocésaines : Zanakavavin'ny Eglizy dont la Maison mère se trouve à Ankanisoa - Ivato

 

Comme le premier évêque malgache Mgr. Ramarosandratana, le premier Cardinal malgache mourut en plein travail apostolique et dans des circonstances semblables. Le Cardinal était rentré de Rome le 31 octobre 1975 et le lendemain 1e novembre, il se rendit à Ihazolava pour visiter le district et administrer la confirmation. Après la messe solennelle de la Toussaint, il répondit aux discours de bienvenue et se rendait à la maison des Sœurs Diocésaines quand il se plaignit brusquement de violents maux de tête et s'effondra sur le gazon. Quelques minutes après, il expirait. Il avait soixante-et-un ans.

Les funérailles du Cardinal Jérôme Rakotomalala furent célébrées le 5 novembre par Mgr. Cecchini, nonce apostolique, entouré des évêques des dix-sept diocèses de Madagascar. Le Président de la République Malgache, M. Didier Ratsiraka, était présent ainsi que les membres du corps diplomatique, l'évêque anglican et les présidents de la Fédération Protestante, et Adventiste. Le corps du Cardinal fut inhumé dans la cathédrale, à côté des anciens vicaires apostoliques, NN.SS. Cazet, de Saune, et Fourcadier.



22/10/2012

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